Comment se fait-on embarquer dans une relation toxique ? Est-ce parce qu’on est bête ? Et comment on s’en sort ? A travers cet article, et l’analyse d’une “chanson thérapeutique” je vous propose de faire l’autopsie d’une relation amoureuse toxique. Pour cela, voyons ensemble 7 étapes qui nous enferment dans une relation toxique et 5 étapes pour en sortir.
Sur quoi repose une relation toxique ?
On va poser 7 étapes à la relation amoureuse toxique. Je vais rester vague volontairement. J’ai commencé une série de contenus sur les relations toxiques, les types de manipulations, j’y détaille tout ça au cas par cas (par type de personnalités et de relations toxiques). Pour cet article, je vais parler d’étapes que j’observe chez mes clients et qui reviennent assez souvent. Ces étapes permettent d’établir des schémas mentaux sur lesquels une relation toxique qui débouche sur des abus peut se construire. Je vous donne ces étapes puis en suivant je vais en parler un peu plus.
- On en prend plein la vue, on est en confiance
- On dévoile ses rêves, son “idéal”
- On croit avoir rencontré “son idéal”
- On croit que son idéal existe, mais qu’on ne peut pas l’atteindre
- On tente par tous les moyens d’avoir cet idéal que l’on croie réel
- On commence à douter, à se dévaloriser, à perdre confiance en soi
- On est malheureux, mais incapable de quitter cette relation
Comment se fait-on embarquer dans une relation toxique ?
Grâce aux 3 premières étapes. On dit « on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre ». Evidemment, les personnes qui vont vous manipuler, vous mentir, profiter de vous, vous tromper, vous insulter ou vous violenter ont une technique…Sinon personne ne marcherait.
La question que pose souvent l’entourage quand la victime ose parler, c’est : « mais t’as rien vu venir? ». Ben non. C’est bien le principe. Le poisson non plus ne sait pas qu’il est face à un leurre. Il croit qu’il va se faire un festin. C’est important de garder ça à l’esprit. Après on est d’accord, c’est important de comprendre ce qu’il s’est passé, et d’apprendre à différencier un leurre d’une vraie relation.
Donc en résumé, comment on se fait avoir ? Et bien, souvent, on va en prendre plein la vue. Soit on est en face d’une personne charismatique, soit on est en face de quelqu’un qu’on va prendre pour « un saint, une sainte ». Il ou elle a fait une grande école, a un super job. Il pleure parce qu’il a tué un oiseau par exemple (comme vous, j’y reviendrai). Elle est investie dans une œuvre humanitaire (comme vous). Il ou elle vous donne des « preuves » que c’est « une personne de confiance ».
Et vous vous en rendez pas compte. Vous vous vivez la relation. Mais en réalité, chacune de vos réactions est observée. Le manipulateur, au début de la relation effectue une sorte de calibrage, d’étalonnage. Vos réactions vont lui permettre de programmer les siennes. Petit à petit, il vous met en confiance. Vous dévoilez vos rêves. Vous croyez avoir rencontré votre idéal. Vous ne vous doutez pas que pendant ce temps, tout ce que vous avez dit pourra être utilisé contre vous. Donc on a vu comment on se fait avoir.
Maintenant, pourquoi on se fait avoir ? Parce que tout ça, c’est profond. Cela vient remuer nos valeurs, ce qui est important pour nous, nos idéaux, nos buts…tout ce qui nous tient à cœur au plus profond de nous. Et c’est comme ça que le piège se referme. Je vais détailler un peu plus.
Comment on se fait enfermer dans une relation toxique ?
Vous êtes-vous déjà retrouvé face à quelqu’un qui se faisait manipuler, et à qui vous tentiez d’expliquer que « c’était gros comme une maison »? De l’extérieur ça peut l’être. Mais alors pourquoi ça marche quand même ? Parce que, tout comme la pêche à la mouche, ce genre d’appât est fabriqué sur mesure.
Et cette période de la rencontre fourni des indices précieux à notre manipulateur. Il va jouer plus ou moins finement selon les profils sur le mimétisme. Vous allez croire qu’il ou elle est comme vous. C’est à dire, que vous avez les mêmes valeurs et les mêmes buts. Vous allez croire que vous êtes en face de quelqu’un qui vous comprend. Et dans un sens (et dans une certaine limite) malheureusement, c’est vrai. Il ou elle vous a cerné. Mais pas dans le but d’échanger, de construire une relation.
Et c’est comme ça que les étapes 4 à 7 se déroulent. Vous croyez avoir rencontré votre idéal. Il ou elle est là, juste en face de vous. Donc quand le décor commence à s’effriter, quand des détails ne collent pas…Il ou elle va masquer ça en déclenchant des disputes (je détaillerai tout ça dans un contenu dédié, là je passe un peu vite). Il ou elle va « noyer le poisson » c’est le cas de le dire.
Le résultat de ce genre d’échange, c’est que vous pensez que le problème, c’est vous. Et oui, votre idéal existe, mais vous commencez à croire que vous n’êtes pas à la hauteur. Et comme vous aviez confiance, vous vous êtes engagé(e), aux étapes précédentes. Vous avez des biens, des enfants, ou des affaires en commun. Vous ne pouvez pas partir comme ça.
Pire encore, étrangement, l’idée de partir vous fait mal. Ce décor, ce leurre construit pour vous, vous plaît tellement. Et s’il (elle) redevenait comme au début, vous seriez heureux (se)… Et le voilà le cœur du problème, la substantifique moelle…Vous avez envie de croire à cette histoire qu’il ou elle vous a vendu. Et vous pensez que si vous faites quelques efforts, vous pourrez retrouver « votre amour du début ».
Un exemple mis en musique
Je change un peu de sujet, mais quand je dis que je suis Musicothérapeute, souvent on me dit : « Ah, tu fais les bols tibétains »? Alors non. Par contre, j’utilise la musique comme support. Je fais du cas par cas. Avec certains, j’écoute de la musique, avec d’autres je chante. Avec d’autres encore je joue de la musique ou on compose. Bien entendu, ce qu’on fait en thérapie est confidentiel.
Mais ce n’est pas un secret, certaines chansons écrites par des artistes sont thérapeutiques. Ingrid Formentin est auteur. Elle est également handicapée. Comme elle m’a demandé si elle pouvait diffuser le produit de notre collaboration sur les réseaux sociaux, je vous la partage également, avec son accord.
C’est une occasion rare de faire découvrir ce qu’il est possible de faire, pour évacuer et « recycler » nos émotions. Dans cette chanson, elle décrit bien, avec des mots faciles à comprendre, les différentes étapes que j’ai décrites plus haut. Je vous laisse découvrir ci-dessous « Toxique » en paroles et en musique.
Un petit mot avant. On a cherché à produire une sorte de ritournelle à la fois légère comme un conte de fée, et lourdingue comme un plomb qui vous entraîne vers le fond. La musique et les paroles expriment ce cocktail émotionnel confus et addictif. Entre émotions fortes, pures et désillusions, blessures.
Paroles de "Toxique" par Ingrid Formentin
Je croyais tellement que tout serait parfait
Mais au final je me suis bien trompée
Début parfait qui a vite dégénéré
Tes colères et sautes d’humeur je les ai supporté
Toutes tes absences tristement j’acceptai
Impossible pour moi d’avoir la force de te laisser
C’était comme si j’étais totalement envoutée
Impression étrange de ne plus rien contrôler
Tu as même osé me manquer de respect
Je ne compte plus combien j’ai pardonné
Toujours avec l’espoir que tu allais changer
Refrain :
Tu étais quelqu’un de très très toxique
Moi qui rêvait tant d’un compte de fée magique
Je voulais que tout soit idyllique
Mais j’ai compris que tu étais toxique
Croire si fort que ça s’améliorerait
Mais au contraire tout ne faisait qu’empirer
Apparence si belle mais intérieur si mauvais
Bien sûr il m’arrivait parfois de douter
Tant de larmes tu m’as fait couler et verser
L’impression que mon coeur saignait, allait exploser
Mais malgré tout je continuai de t’aimer
Désormais je veux juste t’oublier et avancer
Refrain
Comment on sort d'une relation toxique ?
Je fais comme tout à l’heure. Je vous donne les étapes, et je détaille un peu plus après.
Comment on en sort ?
- On accepte la réalité
- On booste sa confiance et on pose ses limites
- On fait le deuil de notre “idéal”
- On récupère sa marge de manoeuvre, on sort de la dépendance
- On se fixe des objectifs réaliste et on les planifie pour les atteindre
Alors les amis, je vais pas vous mentir, ça c’est le plan d’une thérapie. Comme le leurre qui a été construit, est du sur mesure, pour en sortir, il va vous falloir du sur mesure. Est-ce que pour autant ça va être si long que ça ne vaut pas la peine de commencer ? Alors ça dépend comment on compte. Si vous pensez à une guérison complète, il va falloir un peu de temps, et ça ça dépend vraiment des personnes et des situations. Mais si on compare avec une blessure physique…Il y a des blessures plus ou moins grave. Prenons une fracture. Ce n’est pas mortel. Mais si elle n’est pas réparée correctement, on peut boiter toute sa vie. A-t-on perdu son temps en allant à l’hôpital ? Bien sûr que non.
Commencer un travail sur soi en thérapie ou en coaching, c’est pareil. On ne perd pas son temps, comme avec une blessure physique, plus tôt on s’y prend, au moins on risque de complications. Je demande à mes clients comment ils se sentent à la fin des séances. Et souvent, ils me disent que ça va mieux. Que la séance leur a fait du bien.
Donc, il n’est pas nécessaire d’avoir fini son travail pour se sentir soulagé. Pour reprendre notre question, on peut se sentir mieux dès la première séance. Ne serait-ce que parce qu’on y voit plus clair, ou parce qu’on a « vidé notre sac ».